échos
Le paysage est une forme d’émotion visuelle qui ne repose que sur soi-même. Les paysages que l’on peut découvrir dans les œuvres récentes de Jean-Paul Laixhay naissent d’une sorte de rencontre improbable, et pourtant présente, d’une gestualité lyrique, presque abstraite, et d’une figuration libre, sans points de repères autres que ceux de l’œil -et du fusain, ou du pinceau, qui les a tracés. Œuvres sans à priori, qui épousent davantage les sensations éprouvées par l’artiste, que les canons ou les contraintes d’une discipline artistique. Aussi est-il moins question de cartographie intime, de genèse harmonieuse, que d’une lente et fluide dérive, au fil de la matière, comme on dirait « au fil de l’eau ». Pas de grandes randonnées exploratoires, mais de subtiles et brèves incursions dans des contrées proches, où l’artiste invite le regardeur à mettre ses pas, modestement, dans les siens.
Alain Delaunois, novembre 2004
Catalogue J-P Laixhay / Préface
A chaque traversée dans l’atelier, les mains libérées, le cœur au ralenti, esprit d’ouverture accompli, sans même une parole en sa gorge asséchée, Jean-Paul Laixhay, l’artiste des émotions silencieuses, se révèle et se cogne à ses propres limites.
S'agit-il de dépasser les critères d'intentions réfléchies en affirmant que les oeuvres d'art portent en elles-même la trace de leur genèse ou de chercher intentionnellement plus loin que l'horizon semé d'eau bleu nuit d'où peuvent jaillir les flèches de l'orage?
Jean-Paul Laixhay approche une lumière saignée dans la prairie verte de nos jardins, il arrime si tendrement et si violemment les couleurs sur la toile qu'il semble que tout s'évanouit à coups de pinceaux.
Il caresse l'énigme des sources, les signes en désordres de passions millénaires, il croise des regards troublés et ne craint pas d'éveiller les naufragés du lieu que nous sommes par tout ce qui vit et déjà est transmuté.
L'artiste est comme les vents, ces vents froissés des estampes de l'Empire du Soleil qui colportent les rêves éternels, il souffle sur l'amnésie des paysages pour nous conduire aux portes inébranlées de l'infini.
Il y a dans son oeuvre une fulgurance et en son coeur une paix intérieure.
Dans cette belle exposition, Jean-Paul Laixhay, fragment après fragment, couleur après couleur, nous dit que l'harmonie est une notion évolutive, la traversée de nos vies et du miroir du temps.
Jean Pierre HUPKENS,
Echevin de la Culture.
Mehmet AYDOGDU,
Conseiller communal
L'atelier de Jean-Paul Laixhay a une âme, est habité. De grandes toiles, qui nous regardent ou nous tournent le dos, des livres rangés ou éparpillés y révèlent son travail assidu et ses influences plastiques: entre impressionnisme, expressionnisme, figuration libre, abstraction lyrique ou tachisme, l'artiste a trouvé depuis longtemps déjà son propre langage.
Si sa peinture s'inspire toujours d'un paysage, d'une atmosphère, d'un déclic visuel le long du chemin, c'est de son territoire personnel qu'elle émerge véritablement.
D'abord surgit un dessin préparatoire au fusain, magnifique.
Des doigts du peintre jaillissent ensuite, telles des nécessités, des couleurs qui ricochent, pleurent ou explosent jusqu'à l'ivresse. Subtilement, sa peinture se fait palette. La toile est inondée, le moindre espace du tableau devient un centre potentiel d'impact ou de lumière.
Jean-Paul Laixhay sait bâtir sur la vague; sans contrainte ni calcul, il expérimente, pétrit, façonne la matière. Il joue et jouit du geste et de l'instant, se réjouit avec nous de ce qui est, de ce qui naît. Le processus est exhibé, les couches se superposent: du dessin au dessein et inversement, du dessein au motif, du motif à la sensation, de la sensation au rythme, du rythme à l'émotion, de l'émotion à la volupté, de la volupté à un infini mystère.
Le temps et la peinture s'écoulent et bouillonnent main dans la main, gauche si possible.
S'offrent alors à nous, entre abstraction et figuration, entre plénitude et frénésie, des natures tranquilles ou étonnées: champs sans barrières, vallons trempés d'huile, pivoines ouvertes et éclatantes, fleuves débordants à traverser, horizons fluides ou ardents. Parfois à vif, mais toujours vives, vivantes, vibrantes, parfois liquides, mais jamais liquidées, elles tracent un parcours d'émerveillement, de fulgurances et de devenirs.
Impulsive et sensuelle, musicale, la peinture de Jean-Paul Laixhay se révèle à la fois conquête et don. Elle nous parle, en toute liberté, en toute vérité, de la puissance de créer, de la joie d'exister.
«Que l'homme est né pour le bonheur, certes toute la nature l'enseigne. C'est l'effort vers la volupté qui fait germer la plante, emplit de miel la ruche, et le cœur humain de bonté.» André Gide, Les Nouvelles Nourritures
Sophie Horenbach
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